Publication : 06 Septembre 2023 Mise à jour : 12 Décembre 2023 Temps de lecture : 6 min

Les Risques Psycho-Sociaux (RPS) en travail hybride


Au 3e trimestre 2022, 553 400 salariés ont démissionné de leur poste en France*. Pour fidéliser les talents, de plus en plus d’entreprises développent le travail hybride. Si ce mode d’organisation combinant télétravail et activités en présentiel présente de nombreux avantages pour les travailleurs, il comporte aussi certains risques pour leur santé physique et mentale. Découvrez comment prévenir les risques psycho-sociaux (RPS) en travail hybride.

Les impacts du travail hybride sur les RPS

    Définition des RPS

Les risques psycho-sociaux regroupent les risques pour la santé mentale et physique engendrés par les conditions d’emploi.

Ces risques peuvent par exemple résulter de carences dans les pratiques RH et managériales, d’environnements de travail peu adaptés, ou encore de relations sociales dégradées.

La notion de RPS est étroitement liée à celle de Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT), définie par l’Accord National Interprofessionnel (ANI) sur l'Égalité Professionnelle et la Qualité de Vie au Travail comme « les conditions dans lesquelles les salariés exercent leur travail, et leur capacité à s’exprimer et à agir sur le contenu de celui-ci, qui déterminent la perception de la qualité de vie au travail qui en résulte ».

    Les avantages du travail hybride sur la réduction des risques psycho-sociaux

Le travail en mode hybride est aujourd’hui plébiscité par la majorité des salariés, comme le rappelle Mathilde Faidherbe, consultante et formatrice QVCT :« il répond aux exigences actuelles de flexibilité, 38 % des collaborateurs se disant prêts à changer d’entreprise en cas de retour au 100 % présentiel. »

Le travail hybride permet en effet de concilier les avantages :
du télétravail : réduction des trajets, meilleur équilibre entre vie personnelle et professionnelle, développement du travail en autonomie… ;
du travail en présentiel : maintien du lien social, cohésion d’équipe...

En améliorant le bien-être des salariés, il constitue un formidable levier de réduction des RPS.

    Possibles effets pervers du travail hybride sur les RPS

Lorsqu’il est mal organisé ou encadré, le télétravail peut cependant avoir des impacts négatifs sur la santé mentale des collaborateurs, notamment en raison de :  

  • une diminution du lien social et du développement d’un sentiment d’isolement ;
  • une fatigue engendrée par une hyperconnexion et un allongement des heures de travail ;
  • un brouillage des limites entre sphères privée et professionnelle.


Ces facteurs peuvent conduire à une hausse du stress, un sentiment de surmenage, voire un risque de burn-out.

Sur le plan physique, le télétravail peut également accroître le risque de troubles musculo-squelettiques (TMS), en raison d’équipements domestiques souvent peu adaptés au travail et à de mauvaises postures.

RH : comment prévenir les RPS en travail hybride ?

    Développer la Qualité de vie et des conditions de travail (QVCT)  

Développer la QVCT dans un contexte de travail hybride contribue à prévenir les RPS. Ceci implique de mettre en place :

  • un environnement de travail agréable avec des espaces favorisant le lien social ;
  • des équipements de qualité pour prévenir les TMS ;
  • des dispositifs encourageant le repos et la récupération, tels que la micro-sieste.


    Encadrer les pratiques autour du travail hybride

Les RH doivent également coordonner la mise en place d’un accord ou d’une charte destinés à organiser la pratique du travail hybride.

« Il est nécessaire d’adopter une réflexion d’ensemble sur toutes ses dimensions, du télétravail à la QVCT, en passant par le droit à la déconnexion. Mieux vaut des accords regroupant toutes ces questions, plutôt que différents textes » conseille Mathilde Faidherbe.

    Sensibiliser les collaborateurs aux RPS

Les RH peuvent également inciter les collaborateurs à agir individuellement sur la réduction des risques psycho-sociaux, à travers des formations et des ateliers de sensibilisation autour de bonnes pratiques et gestes préventifs (postures en télétravail, importance d’un sommeil et d’une alimentation de qualité, gestion du stress…).

Certaines initiatives peuvent directement être organisées dans l’entreprise, à l’image de séances de sport pendant la pause déjeuner.

    Favoriser la sérendipité

Favoriser la sérendipité signifie privilégier les expérimentations locales au lieu des démarches standardisées.

« Dans le cas d’accords sur le télétravail, il est important d’adopter une approche par activités et par tâches plutôt que par métiers » résume Mathilde Faidherbe. Objectif : laisser plus de latitude à chaque équipe pour trouver un mode de fonctionnement adapté à ses réalités et besoins.

Vous souhaitez en savoir plus ?
N’hésitez pas à visionner le webinar « RPS et QVCT : quels enjeux en contexte de travail hybride ? » organisé par l’Université du domicile le 13 avril 2023 en présence de Mathilde Faidherbe, consultante et formatrice QVT.

Comment le manager peut-il contribuer à réduire les RPS ?

    Maintenir le lien social

L’affaiblissement du lien social et ses conséquences sur l’exposition aux RPS sont l’un des principaux risques induits par le travail hybride.

Créer des rituels managériaux et organiser régulièrement des activités collectives garantit la cohésion d’équipe et l’intensité sociale. Il est également important d’offrir des alternatives au domicile pour les salariés en télétravail, à travers la mise à disposition de bureaux partagés et autres espaces collaboratifs. 


    Adopter une attitude de manager-coach

Le manager doit évoluer vers une posture de coach « Il doit à la fois entretenir le sens du travail et la cohésion de l’équipe, favoriser la flexibilité et le travail en autonomie, individualiser le management en fonction des personnalités et besoins de chacun et rester à l’écoute de ses collaborateurs pour repérer d’éventuels signaux faibles » résume Mathilde Faidherbe.

Cette stratégie permettra de réduire les RPS, tout en boostant l’engagement des membres de l’équipe.


*Source : Dares - Ministère du Travail (janvier 2023)