En quoi la reconnaissance ouverte complète-t-elle les dispositifs traditionnels de formation ?
Philippe Petitqueux : Je pense que la reconnaissance ouverte permet de valoriser les apprentissages informels et les engagements citoyens, culturels ou territoriaux qui ne sont pas reconnus par les certifications classiques. Ainsi, les badges numériques rendent visibles ces compétences « entre les lignes » : soft skills, savoir-être, pratiques professionnelles émergentes... Ils comblent également le décalage entre le temps long de la certification et la réalité évolutive des métiers.
Comment les open badges peuvent-ils s’intégrer dans un parcours de formation individualisé ?
Philippe Petitqueux : Les badges s’insèrent notamment dans l’accompagnement du projet personnel et professionnel, en valorisant des compétences issues de l’engagement associatif, du bénévolat ou de la vie personnelle. Ils permettent de documenter par exemple les stages et les immersions, et même d’être créés par les apprenants eux-mêmes. Cela facilite la prise de conscience de leurs compétences, y compris chez ceux qui ont peu de reconnaissance « scolaire ».
La tournée du Label CFA Innovant et Durable a pour objectif de valoriser les actions concrètes des CFA en matière de pédagogie. En quoi un lieu de la reco comme le Campus UDD peut-il contribuer à rendre les badges et le label CFA encore plus accessibles et utiles ?
Julie Lemonnier : Le Campus de l’Université du domicile est un tiers-lieu capable d’accompagner les apprenants et les structures dans la reconnaissance et la formalisation de leurs compétences. Nous disposons des ressources techniques et pédagogiques nécessaires, et pouvons également orienter vers d’autres acteurs du territoire engagés dans ces démarches.
Philippe, vous faites partie de la DRAAF Normandie : quel est l’impact de la reconnaissance ouverte sur les pratiques pédagogiques des équipes ?
Philippe Petitqueux : Le principe même de la reconnaissance ouverte transforme les pratiques. Il ne s’agit plus seulement de délivrer un badge, mais d’associer les personnes à leur conception. Par exemple, lors d’un voyage pédagogique au Danemark, nous avons co-construit trois badges (mobilité, outils de durabilité, badge personnel). Les jeunes sont devenus acteurs de leur reconnaissance, ce qui a renforcé leur engagement et leur motivation.
Comment les outils de reconnaissance que vous utilisez peuvent-ils renforcer l’employabilité des personnes en formation ?
Julie Lemonnier : Les badges permettent de prouver des compétences réelles, y compris pour les publics sans diplôme. Ils documentent des expériences concrètes (alimentation, jardinage, management, etc.) et peuvent être intégrés à un CV.
Philippe Petitqueux : Ce sont en quelque sorte des « CV 3D » : interactifs, contextualisés, appuyés par des tiers. Ils facilitent aussi l’entretien d’embauche en aidant la personne à se présenter de manière argumentée et confiante.