Le catalogue 2025 du Centre de formation Entreprises offre une nouvelle thématique : le logement social. Pour la déployer, dans le cadre des formations dédiées à la relation avec les locataires, nous nous appuyons sur notre connaissance étendue des publics les plus fragiles puisque nous formons depuis 30 ans des assistants de vie. Afin de comprendre les besoins spécifiques des locataires âgés ou en situation de dépendance et les obligations des bailleurs sociaux, Sylvain Deneux, Responsable du CFE, a organisé un webinaire animé par Laurence Petin. Voici les points clés à retenir.
Les logements sociaux sont attractifs pour les séniors
C’est un constat présenté par la formatrice : les logements sociaux ont un grand pouvoir d’attractivité sur les séniors. En effet, ils conviennent à leurs revenus (parfois) modestes, ils s’adaptent au vieillissement de la population. Par ailleurs, le parc social propose une offre diverse de logements, il applique une politique de maintien à domicile, et permet de pallier l’isolement et de répondre au besoin de stabilité. « On sait que chez un bailleur social on va avoir un accueil, un entretien, des services et parfois un gardien. Ils ne demandent pas 3 mois de loyer, pas de garant » a complété Laurence Pétin.
Dans le parc social, 30,4% des locataires ont + de 60 ans et 11,2% + de 75 ans
Ces chiffres (Union Sociale pour l’Habitat, USH), comme l’explique la formatrice, confirment la proportion importante de séniors habitant des logements sociaux et la nécessité d’adapter l’offre aux personnes âgées ou dépendantes. Une prise de conscience semble s’être opérée. Elle constate ainsi que « Les attentes ont évolué en matière de logement social : la qualité prime désormais sur la quantité ». Il y a une volonté de diversifier et personnaliser l’offre. « Les bailleurs sont investis » ajoute-t-elle.
D’ici 2050, la proportion des 60 ans et + va doubler
Pour bien poser la problématique, Laurence Pétin répond à la question « Qu’appelle-t-on un sénior ? » : « Pour l’OMS, c’est à partir de 60 ans. Pour l’INSEE (Institut Nationale de la Statistique et des Etudes Economiques, NDLR), c’est à partir de 65 ans. Au niveau social, 70 ans et + ». Elle complète : « En France on observe 3 grandes classes de séniors : les 60-75 ans, les 75-90 et les + de 90 ans. D’ici 2050, la proportion des 60 ans et + va doubler ».
Loi ASV 2016 : un réel impact pour les bailleurs sociaux
La loi relative à l’Adaptation de la Société à la Vieillesse (ASV) entrée en vigueur le 1er janvier 2016 est la « Première loi qui a mis au cœur de la société le vieillissement, la première qui a autant impacté les bailleurs sociaux » a indiqué Laurence Pétin lors de sa présentation du cadre réglementaire autour du logement social. Cette loi a mis en avant : la revalorisation de l’Allocation Personnalisée d’autonomie (APA), le droit au répit pour les aidants familiaux, l’adaptation des logements, la lutte contre l’isolement, la transformation des logements-foyers en résidences autonomie, la mise en place d’un socle commun de prestations et d’un forfait autonomie, mais aussi la possibilité de prioriser l’attribution de logement.
Loi ELAN 2018 : « Construire mieux, plus et moins cher »
Concernant la Loi Evolution du Logement de l'Aménagement et du Numérique (ELAN) de 2018, la formatrice a précisé qu’elle a mis en évidence la nécessité de « construire mieux, plus et moins cher ». Parmi les objectifs figuraient la volonté de renforcer les capacités d’action des bailleurs, de proposer des services d’animation, de veille, d’aide aux démarches, et la création d’un nouveau concept d’« habitat inclusif ».
Loi Bien Vieillir 2024 : le domicile au cœur de la réglementation
Dernière loi du cadre juridique citée par Laurence Pétin, la loi Bien Vieillir de 2024. Elle contient un axe « grand âge et autonomie ». « Cette loi est vraiment tournée vers le domicile et identifie notamment différents types d’hébergement : individuel, collectif, résidence autonomie, habitat inclusif, habitat intergénérationnel » a ajouté la formatrice.
Dans un environnement non-adapté, risque du syndrome de « glissement » des séniors
Laurence Pétin a insisté sur un point « L’âge n’est pas une vérité en soi » car les séniors ne sont pas tous égaux face au vieillissement. Elle a toutefois partagé des chiffres qui indiquent que « Chez les plus de 75 ans, 85% ont une pathologie et 57% une affection longue durée. 40% des plus de 65 ans présentent des signes de pré-fragilité ». « Dans les mécanismes de la dépendance, si je fais un AVC, une chute, mais que je suis dans un environnement adapté, je peux m’en relever. Si je suis dans un environnement non adapté, il y a un risque du syndrome de glissement : mon corps m’a lâché et mon quotidien devient difficile » a constaté la formatrice. Elle a par ailleurs proposé un focus sur la maladie d’Alzheimer afin d’insister sur la nécessité de se former : « 60% des personnes atteintes sont à domicile, parfois seuls. Il y a 225 000 nouveaux cas par an en France et cette maladie peut mettre en danger la personne et la collectivité ». Selon Laurence Pétin, face au sujet de la « démence », « les bailleurs ont intérêt à avoir une sensibilisation et aller vers des partenaires », et à posséder des clés pour mieux communiquer.
3 clés pour communiquer avec un sénior
Vieillir n’est pas une chose facile. Communiquer avec les séniors non plus. Cela demande une adaptation pour les aidants, les familles, tout comme pour les bailleurs sociaux. Ainsi, il est nécessaire de prendre en compte les différences générationnelles : nous n’avons pas le même vocabulaire, leurs références sont d’une autre époque, leurs représentations aussi. La formatrice ajoute à cela l’importance d’intégrer les changements dus au vieillissement : déficits visuel et auditif, isolement, dépression, troubles cognitifs. Selon Laurence Pétin, les clés d’une bonne communication sont : le respect, le non-jugement, la mise en confiance. Elle conseille « d’écouter, de laisser le temps à la communication de s’installer, d’échanger réciproquement des informations, de répéter et renforcer les messages clés (pas plus de 3), de vérifier la compréhension du vocabulaire ». Cette écoute, cette empathie, sont des atouts précieux pour améliorer la relation et adapter au mieux l’environnement du sénior à ses attentes et ses difficultés liées au vieillissement.
Vous souhaitez aller plus loin ? Il existe un simulateur de vieillissement, utilisé dans le cadre de nos formations sur cette thématique, qui permet de développer l’empathie, la compréhension, par la mise en situation. Afin d’en savoir plus, (re)découvrez l’atelier organisé par le CFE au Campus Alençon. Vous pouvez également consulter nos formations.